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De Charles de Gaulle à Michel Barnier, d’amères passations de pouvoir

Sa réputation d’habile négociateur lui a permis d’être nommé premier ministre. Mais, le jour de son arrivée, Michel Barnier se montre piquant avec son prédécesseur. Son agacement pointe quand s’étirent les quinze minutes du discours de Gabriel Attal. « Je peux dire quelques mots ? », dit-il, en l’interrompant. Gabriel Attal acquiesce dans un sourire crispé. « J’ai bien aimé la manière dont vous m’avez donné, non pas des leçons… enfin, des enseignements », poursuit-il un brin ironique, avant de rappeler la courte durée (huit mois) de l’expérience de son cadet à Matignon. Enfin, en réponse à Gabriel Attal qui lui demandait de rouvrir ses dossiers en suspens, Barnier finit par cingler : « Bien sûr, je vais les reprendre (…) Vous me permettrez, peut-être, d’ajouter ma propre valeur ajoutée. »
Il multiplie les métaphores marines, annonçant qu’il se devait de « prendre la mer ». La démission d’Emmanuel Macron du ministère de l’économie a semé la pani­que dans le camp du président François Hollande, accélérant le calendrier de la campagne présidentielle de 2017. Lors de sa passation de pouvoir avec Michel Sapin, le tout jeune président d’En marche ! assume son échappée solitaire en citant Marcel Pagnol : « Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors n’achetez pas un bateau : achetez une île ! » Le nouveau ministre, fidèle du chef de l’Etat, tente une dernière fois de l’appeler à jouer « collectif » : « La France a besoin de talents, tu en fais partie, mais aussi de stabilité dans la gestion de son administration. »
Les inimitiés profondes percent même à travers les protocoles les plus millimétrés. Ce matin-là, Nicolas Sarkozy, défait à l’élection présidentielle de 2012, remet les clés de l’Elysée à son successeur François Hollande. L’entretien entre les deux hommes dure plus d’une heure. Mais, après avoir conduit Sarkozy sur le perron pour la traditionnelle poignée de main, le nouveau chef de l’Etat tourne les talons sans raccompagner son prédécesseur jusqu’à sa voiture. François Hollande est-il vraiment ce « pingouin » malpoli dont se moquera en chanson Carla Bruni l’année suivante ? La séquence ­nourrira pendant longtemps un procès en inélégance intenté contre lui par l’ex-couple présidentiel. Au point qu’il finira par exprimer ses « regrets » en 2017 à l’occasion d’un documentaire.
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